Recherche 03
«Réemploi et conception architecturale: les ressources matérielles, techniques et culturelles d’un territoire comme potentiels de projet soutenable—Une recherche-action interdisciplinaire sur la ZAC Flaubert à Grenoble»
1
Pierre Belli-Riz, MCF VT
Si le constat sur la crise de la matière fait relativement consensus quant à la non soutenabilité matérielle du modèle de développement actuel, les alternatives qui engagent une inéluctable transition sont multiples. Parmi elles, la pratique du réemploi des éléments et matériaux doit être envisagée comme une opportunité et non comme une contrainte. Cette pratique permet de réinventer de nombreux aspects de notre discipline, l’architecture, en questionnant beaucoup de nos présupposés actuels comme le processus de conception-construction de l’architecture, aujourd’hui standardisés et normalisés afin de répondre aux exigences de performance du système actuel de production du bâti.
L’architecture du XX
Mis en œuvre dans le cadre des modules optionnels de Master 2 à l’ENSA Grenoble, ce projet se fonde sur une approche interdisciplinaire entre les formations d’architecte (ENSAG) et d’ingénieur (Université Grenoble Alpes), et également entre enseignement, recherche et pratique professionnelle de manière à construire une méthodologie itérative entre laboratoire et terrain, propre à un territoire donné, la ZAC Flaubert à Grenoble.
L’enjeu principal de notre projet de recherche action situé sera de construire un savoir en action en s’appuyant sur les nouvelles stratégies de projet à mettre en place par le réemploi des ressources de l’architecture XX
Des études ont déjà été réalisées notamment sur les problématiques d’application du réemploi dans l’architecture et les travaux publics dans le contexte des processus actuels (ADEME, CIFFUL, REPAR). De ces documents de référence aux perspectives générales et techniques d’application, nous travaillerons à leur mise en œuvre de manière locale et territorialisée. Il s’agira de démontrer comment le réemploi d’éléments, de produits, de matériaux de construction de l’architecture du XX
Il ne s’agit pas, avec le réemploi, de revenir à des pratiques anciennes dans une démarche passéiste, mais de se pencher sur la complémentarité des pratiques «intuitives» pour les réinsérer, les mettre en tension, avec nos pratiques contemporaines de concepteurs, de constructeurs, de penseurs de l’architecture, de la société et de l’environnement. L’objectif est de permettre aux étudiants et acteurs de la construction impliqués dans le projet de repenser la manière de penser l’architecture et ce, dès les prémices de la construction, en partant, dans ce cas-ci, des ressources matérielles et immatérielles qu’offre l’architecture du XX
Recherche 03
«Le réemploi en architecture, de la théorie à la pratique: conception / réalisation d’espaces de démonstration dans la métropole grenobloise»
4
Pierre Belli-Riz, MCF VT
Expérimentation proposée à partir des résultats de la recherche «Réemploi et conception architecturale: les ressources matérielles, techniques et culturelles d’un territoire comme potentiel de projet soutenable». Responsable scientifique: Pierre Belli-Riz, MCF VT, Labex AE&CC—ENSA Grenoble
Notre proposition, portée par l’ENSA Grenoble en partenariat avec l’UGA (Université de Grenoble-Alpes), la Métro (Grenoble-Alpes Métropole) et Aplomb (entreprise de formation) se situe en prolongement direct, tant sur le plan opérationnel que sur le plan pédagogique, dans la continuité du projet de recherche retenu en 1ère session (automne 2016). Sous le titre initial «Réemploi et conception architecturale: les ressources matérielles, techniques et culturelles d’un territoire comme potentiels de projet soutenable», notre projet de recherche engagé fin 2016 entendait démontrer comment le réemploi d’éléments, de produits, de matériaux de construction de l’architecture du XX
Elle a permis de développer 3 axes principaux de réflexion sur la chaîne de production et de réflexion qu’engage le réemploi en architecture:
Notre projet initial prévoyait déjà une phase d’expérimentation locale à travers la réalisation de petits édifices à base d’éléments de réemploi, avec comme partenaire la SPL SAGES à Grenoble. Il s’est heurté à des difficultés pratiques, dont certaines sont d’ailleurs inhérentes au domaine spécifique du réemploi: temps nécessaire pour identifier des ressources, faiblesse et manque de disponibilité des «gisements» locaux, difficultés de coordination et de synchronisation des acteurs opérationnels…
Le projet de recherche a en revanche permis de développer une coopération de plus en plus poussée avec les services de la Métro (service Prévention, collecte et valorisation des déchets de Grenoble-Alpes Métropole—la Métro). Cette coopération a notamment permis en 2018-2019 l’organisation de 3 journées d’études à l’ENSAG sur le thème «Réemploi et pratiques constructives», qui ont connu un large succès auprès des professionnels du BTP. Cette coopération avec la Métro nous fournit en 2020 l’opportunité qui nous a manqué auparavant pour participer à la réalisation de petits édifices «démonstrateurs», à partir de programmes qui correspondent aux besoins à court terme de la Métro, avec des engagements budgétaires prévus pour 2020. Ces programmes traduisent la volonté de la Métro, au-delà même des évolutions législatives prévisibles pout lutter contre le gaspillage, d’apporter des réponses locales déjà bien structurées. Ils ont été choisis pour leur exemplarité, ils sont tous susceptibles de donner une large visibilité à l’utilisation du réemploi en architecture auprès de différents public (professionnels du BTP, grand public, acteurs de l’économie circulaire, etc.).
L’autre partenaire essentiel de notre proposition, qui rend le projet réaliste et renforce sa relation avec la pédagogie et la formation, est le centre de formation APLOMB, basé à Saint-Marcellin (à 30 km de Grenoble). Celui-ci peut prendre en charge des chantiers expérimentaux, avec des stagiaires en Architecture de l’ENSAG ou en Génie civil à l’UGA. APLOMB existe depuis 2009 et a déjà mis en place depuis quelques années une plateforme locale de distribution d’éléments de construction de récupération (ECOMAT).