Recherche 09
«EC-45/85—Les réalisations culturelles 1945-1985 en France, une architecture du XXIe siècle? Cinq réhabilitations au crible d’une recherche pluridisciplinaire»
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Xavier Dousson, MCF TPCAU à l’ENSA Paris-Val de Seine et Elise Guillerm, MCF HCA à l’ENSA Marseille
Le projet vise à comprendre et à connaître une typologie architecturale singulière: les équipements culturels du second XX
Ces édifices qui ont, en leur temps, permis une recherche architecturale ouverte pour leurs concepteurs, à la fois expérimentale et à la croisée de l’ensemble des arts de l’espace (arts plastiques, scénographie, éclairagisme, musique, etc.), représentent des objets originaux, prestigieux, et identifiés par les usagers. Leur rareté dans la production architecturale des années de Croissance, le fait qu’ils ont marqué un moment spécifique des politiques publiques, comme l’évolution des demandes conduisant à leur réhabilitation, invitent à réfléchir d’une manière transversale et approfondie aux questions spécifiques posées par leurs transformations. En effet, beaucoup de ces édifices, après plus de cinquante ou soixante ans de vie, arrivent à la fin d’un cycle d’usages. La relative obsolescence de certains dispositifs techniques, les exigences en matière d’accessibilité et de maîtrise des dépenses énergétiques, les évolutions et besoins nouveaux du monde de la culture et de ses usagers incitent à la réhabilitation d’un grand nombre de ces réalisations.
Sans perdre de vue l’actualité de ces édifices, l’enjeu de ce projet de recherche consiste à mettre en lumière la valeur culturelle et collective qui les entoure, depuis leur édification jusqu’à nos jours.
Il s’agit de faire émerger la part symbolique et imaginaire de ces édifices architecturaux, encore trop peu souvent convoquée dans le cadre de projets d’adaptations du bâti. La recherche fera ainsi ressortir des moments insoupçonnés liés à leur évolution, qui échappent en partie à la sphère technique et décisionnelle. En développant cinq monographies d’édifices, la recherche examinera les ressorts inattendus liés aux édifices réhabilités: mémoire, appropriations populaires, récits, expression plastique, réception médiatique, production audiovisuelle.
Les produits dérivés de l’architecture et les objets qui la mettent en exergue (cartes postales, publicités, films…) seront particulièrement auscultés et serviront de base à la formulation d’un propos illustré sous forme de captations et d’exposition. Les compétences pluridisciplinaires seront largement convoquées, grâce à une équipe resserrée de chercheurs issus de diverses disciplines (Projet d’architecture, Arts plastiques, Histoire de l’architecture…), un conseil scientifique, technique et artistique (CSTA), de nombreux interlocuteurs dans le monde de l’enseignement supérieur (Le Fresnoy, Univ. Picardie), des partenaires institutionnels, locaux ou nationaux (Cinémathèque de Grenoble, Cité de l’architecture et du Patrimoine, Service de la Culture du Conseil général de la Seine-Saint-Denis, Service Culture de la ville de Chambéry). Les outils mis en place pour cette collecte seront archivistiques, audiovisuels et numériques afin de faire émerger des matériaux de recherche, accessibles pour le plus grand nombre. Les différents acteurs seront sollicités dans les lieux de partage de compétences: workshops, journées d’études, carnets de bord numérique, chaîne de diffusion vidéos… Tout en conviant les professionnels à divers événements, cette réflexion critique favorisera un retour d’expérience au profit d’une montée en compétences en matière de réhabilitation des objets de la modernité.