Recherche 04
«Toulouse, du grand ensemble à la ville durable. Prospectives et actions»
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Rémi Papillault, PR VT et Audrey Courbebaisse MCFA HCA
Partout en France bien des grands ensembles sont vus comme des structures fermées sur lesquels les différentes politiques de résorption sur plusieurs décennies n’auront que trop rarement fonctionné. Depuis 2003 l’Agence Nationale de rénovation Urbaine a signé 399 conventions pour la mise en œuvre d’actions sur les «quartiers sensibles» dans le cadre du Plan National pour la Rénovation Urbaine avec des moyens techniques et financiers importants où l’on est plus souvent parti d’une recomposition radicale que d’une restauration-transformation dans une analyse fine de ces quartiers.
Comment intégrer les grands ensembles à la ville durable? Quels critères de durabilité pour ces morceaux de ville qui accueillent souvent plusieurs milliers d’habitants? Comment en partant de ceux qu’ils sont, de leur identité habitante, de leur valeur constructive, de leurs qualités de composition, de nature et de paysage, imaginer des transformations motivées, sensibles et raisonnées, à la fois respectueuses des permanences et ouvertes aux changements? Cette recherche recouvre donc une dimension de projet interdisciplinaire et trans-scalaire autour des notions de mixité, nature et énergie vue au travers de la question des usages et du temps. Ces différentes notions seront testées sur les trois années de recherche en suivant un ordre d’analyse critique, de projet et d’expérimentation.
La mixité est tant sociale que typologique. Pour nous cette notion est très large car nous voudrions interroger l’échelle de la cellule (distribution des types); de l’unité immobilière (valeur d’immeuble); des usages à l’échelle du grand ensemble (commerces, travail, etc.) et d’une prévention situationnelle raisonnée plutôt que d’un urbanisme sécuritaire. Cellule, immeuble quartier, nous testerons ces notions sur un corpus de grands ensembles dans le but d’interroger l’intérêt d’une ouverture à la ville. Nous avons préféré le terme de nature à celui de paysage ou d’abords.
Plus complexe il intègre la dimension d’usage des espaces ouverts du grand ensemble du plus public au plus privé. Ces espaces de nature partagés comprennent la dimension des prairies, arbres, cheminements, jeux, pièces d’eaux, en intégrant aussi le stationnement et les espaces techniques du grand ensemble. La notion d’énergie recouvre bien sûr la dimension de la thermie avec un gros travail sur l’isolation des parois et des menuiseries que nous proposons de faire dans un partenariat avec les enseignants et étudiants de l’INSA. Nous proposons de réfléchir à cette question dans une dimension trans-scalaire en intégrant la question du chauffage, de sa production et de sa distribution; des déchets et du tri sélectif; des îlots de chaleur; de la mesure de la durabilité des matériaux employés pour la rénovation-restauration.
Notre projet de recherche impliquera des architectes de l’ENSAT, des ingénieurs de l’INSA et des sociologues et géographes du CIEU-LISST de l’Université de Toulouse le Mirail, des paysagistes et un artiste cinéaste. Il y a donc l’idée d’observer et d’éprouver ce lien au travers de thématiques articulant analyses et projets sur des échelles spatiales et temporelles. La cartographie sera pour cette recherche un outil d’expérimentation essentiel. Elle nous permettra de lire et comprendre les grands ensembles dans toutes leurs dimensions. Plusieurs données seront visualisées et confrontées aux indicateurs qualitatifs relevant de l’analyse sensible et anthropologique, qui sera menée in situ (explorations, photos, vidéos, entretiens avec les usagers, etc…). Parallèlement, nous réaliserons une étude comparative de sites et projets européens analogues au notre et, dans le cadre de l’enseignement de projet architectural et urbain.
La démarche de recherche suivra des séquences complémentaires. Elle sera ponctuée par l’organisation de séminaires et de workshops réunissant chercheurs de l’équipe, chercheurs invités, professionnels. Ce travail aboutira à la rédaction du rapport final de recherche, atlas des interventions montrant des possibles passages d’un grand ensemble à la ville durable. Cet atlas comprendra un recueil cartographique rendant compte des temporalités architecturales, urbaines et de peuplement et des thématiques trans-scalaires mixité, nature et énergie interrogées sur le corpus toulousain ainsi qu’un «cahier méthodologique ouvert» sur des façons de faire à partir des projets et des expérimentations testés dans les grands ensembles et mis en critique auprès des différents partenaires. Dans le cadre de la séquence pédagogique constituée par le séminaire «Heritages in progress» (4e année) et l’enseignement de projet de Master (4e et 5e années), nous tenterons d’articuler les apports des étudiants, des bailleurs, des techniciens et des professionnels à notre démarche de recherche.
Recherche 04
«Pour une vision collective de la transformation des grands ensembles. Ancely 2050 (31). L’habitant au cœur du projet. Recherche en vidéo-concertation»
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Rémi Papillault, PR VT et Audrey Courbebaisse, MCFA TPCAU puis, depuis 2020, professeur LOCI-UCLouvain (Belgique)
Expérimentation proposée à partir des résultats de la recherche: «Toulouse du grand ensemble à la ville durable. Prospectives et actions». Responsables scientifiques: Rémi Papillault, PR VT et Audrey Courbebaisse, MCFA TPCAU, LRA—ENSA Toulouse
Comment intégrer les grands ensembles à la ville durable? Quels critères de durabilité pour ces morceaux de ville qui accueillent souvent plusieurs milliers d’habitants? Comment en partant de ceux qu’ils sont, de leur identité habitante, de leurs qualités de composition architecturale, urbaine et paysagère, imaginer des transformations motivées, sensibles et raisonnées, à la fois respectueuses des permanences et ouvertes aux changements?
Le projet organisé en 2016 pour le premier appel à projets interrogeait le potentiel d’évolution de ces grands ensembles autour des notions de «mixité», de «nature en partage» et d’«énergies», termes récurrents dans les programmes des projets d’habitats durables. Il entendait proposer des solutions à la reconstruction d’un vivre ensemble à partir d’une approche globale et multiscalaire (quartier au logement).
Au travers de trois grands ensembles issus du corpus originel de la thèse d’Audrey Courbebaisse et qui ont fait l’objet d’expérimentations durant ces trois dernières années émergent une série de constats et de résultats. La copropriété Ancely, La copropriété Belle Paule et l’ensemble de logements sociaux de Papus ont été le terrain des travaux de recherche.
Parmi les constats et résultats qu’ils nous ont conduit à établir figurent à titre principal, le faible recours au sens du projet dans la transformation que suit le grand ensemble, le consensus autour de l’identité patrimoniale. Se font jour également la nécessité d’outils plus ouverts au service d’une transformation mesurée et leur développement au sein d’un enseignement de la réhabilitation.
Le jeu d’acteurs et de la culture de projet observés par la thèse de Cédric Dupuis, font apparaitre la nécessité d’une implication plus forte des habitants (y compris ici dans une vision élargie du territoire) dans le projet. Au-delà de la concertation, la co-construction, répondre à l’injonction du recours à la culture de la maitrise d’usage trop souvent superficielle, se limitant à l’intention de communiquer, de solliciter, d’impliquer non pas pour faire le projet ensemble mais pour y faire adhérer.
Notre proposition pour ce nouvel appel à projet se situe donc au niveau de la co-construction d’une vision collective et d’un projet commun. Grâce au médium video, nous pensons construire un outil basé sur la vidéo concertation participative. Le public devient acteur. Acteur du diagnostic dans un premier temps, constituant par la récolte de paroles d’acteurs un état des lieux sur nos trois thématiques ainsi qu’une vision prospective «Ancely 2050». Les acteurs construisent eux même sur la base de cette reconnaissance d’usages, de valeurs, un état des lieux fort d’éclairages portés sur les convergences et conscient des divergences. Cet état des lieux, sera illustré par une seconde vidéo, issue de l’immersion de Christian Barani artiste vidéaste. Au cours d’une table ronde, les parties prenantes bâtissent une vision prospective.
Nous pensons également profiter, sur le temps donné à cette expérimentation, du possible qui est offert par le programme PUCA REHA 3, qui nous concède l’autorisation avant la désignation des lauréats, de la communiquer les projets comme support de discussion. Posant ainsi l’hypothèse que par le projet peuvent également se révéler des leviers et supports de projet. La critique des projets par les premiers intéressés en permettra une analyse quant à deux de ces principes, la conception hors sol et le concours d’idées.
Le protocole mis au point articule, des enseignements de projet au sein de l’ENSA Toulouse, le CAUE, des agences d’architectures en équipes pluridisciplinaires qui répondront à l’appel à projet du programme PUCA / REHA 3. Le projet tentera au moyen de la vidéo, de technicité courante aujourd’hui, d’inscrire un nouvel outil de participation à la co-construction des projets de transformation des grands ensembles.