Recherche 03

«Réemploi et conception architecturale: les ressources matérielles, techniques et culturelles d’un territoire comme potentiels de projet soutenable—Une recherche-action interdisciplinaire sur la ZAC Flaubert à Grenoble»

VOLET 1
1RE SESSION (2016)
ENSA Grenoble (AE&CC labex)
Responsable scientifique :
Pierre Belli-Riz, MCF VT
Partenariat : association Bellastock (ENSA Paris Belleville), Collectif Rotor (Bruxelles, Belgique), Grenoble-Alpes Métropole (Métro), NA! Architecture (Grenoble), SEM Innovia (Grenoble), SPL SAGES (Grenoble), Université de Grenoble-Alpes, master Génie civil

Si le constat sur la crise de la matière fait relativement consensus quant à la non soutenabilité matérielle du modèle de développement actuel, les alternatives qui engagent une inéluctable transition sont multiples. Parmi elles, la pratique du réemploi des éléments et matériaux doit être envisagée comme une opportunité et non comme une contrainte. Cette pratique permet de réinventer de nombreux aspects de notre discipline, l’architecture, en questionnant beaucoup de nos présupposés actuels comme le processus de conception-construction de l’architecture, aujourd’hui standardisés et normalisés afin de répondre aux exigences de performance du système actuel de production du bâti.

 

L’architecture du XXe siècle est forte d’une riche diversité et représente aujourd’hui plus de la moitié de notre patrimoine construit. Le projet présenté consiste à considérer ce patrimoine de ressources, tant matérielles qu’immatérielles, comme potentiel initial de projet d’architecture.

Mis en œuvre dans le cadre des modules optionnels de Master 2 à l’ENSA Grenoble, ce projet se fonde sur une approche interdisciplinaire entre les formations d’architecte (ENSAG) et d’ingénieur (Université Grenoble Alpes), et également entre enseignement, recherche et pratique professionnelle de manière à construire une méthodologie itérative entre laboratoire et terrain, propre à un territoire donné, la ZAC Flaubert à Grenoble.

 

L’enjeu principal de notre projet de recherche action situé sera de construire un savoir en action en s’appuyant sur les nouvelles stratégies de projet à mettre en place par le réemploi des ressources de l’architecture XXe siècle, en posant l’hypothèse que les pratiques de réemploi et les attitudes qui lui sont liées participent à la rénovation des modes de production de l’espace, du bâtiment à la ville. Le patrimoine architectural du XXe siècle, hétéroclite mais riche, peut se révéler être un gisement de ressources hors norme, riche d’enseignement à re-exploiter dans l’architecture d’aujourd’hui et de demain pour en consolider son rôle identificatoire.

Des études ont déjà été réalisées notamment sur les problématiques d’application du réemploi dans l’architecture et les travaux publics dans le contexte des processus actuels (ADEME, CIFFUL, REPAR). De ces documents de référence aux perspectives générales et techniques d’application, nous travaillerons à leur mise en œuvre de manière locale et territorialisée. Il s’agira de démontrer comment le réemploi d’éléments, de produits, de matériaux de construction de l’architecture du XXe siècle peut insuffler/provoquer/suggérer des modes de conception et de construction plus locaux et soutenables, et ce à l’échelle d’un territoire local, la ZAC Flaubert à Grenoble. Cette approche territorialisée est rendue possible grâce à un partenariat de travail avec les aménageurs de la ZAC Flaubert, la SEM SAGES et la SPL Innovia, déjà engagés dans des dispositifs d’aménagement répondant aux ambitions de la ville en transition.

 

Il ne s’agit pas, avec le réemploi, de revenir à des pratiques anciennes dans une démarche passéiste, mais de se pencher sur la complémentarité des pratiques «intuitives» pour les réinsérer, les mettre en tension, avec nos pratiques contemporaines de concepteurs, de constructeurs, de penseurs de l’architecture, de la société et de l’environnement. L’objectif est de permettre aux étudiants et acteurs de la construction impliqués dans le projet de repenser la manière de penser l’architecture et ce, dès les prémices de la construction, en partant, dans ce cas-ci, des ressources matérielles et immatérielles qu’offre l’architecture du XXe siècle majoritairement présents sur la ZAC Flaubert. C’est l’occasion, par ailleurs, de consolider un réseau d’acteurs du réemploi déjà constitué mais clairsemé, de le dynamiser et de le densifier afin d’assurer et d’alimenter une économie circulaire locale et territoriale.

Recherche 03

«Le réemploi en architecture, de la théorie à la pratique: conception / réalisation d’espaces de démonstration dans la métropole grenobloise»

VOLET 2
4E SESSION (2019)
ENSA Grenoble (Labex AE&CC)
Responsable scientifique :
Pierre Belli-Riz, MCF VT
Partenariat : Grenoble Alpes Métropole, le centre de formation APLOMB (écoconstruction et restauration du patrimoine)

Expérimentation proposée à partir des résultats de la recherche «Réemploi et conception architecturale: les ressources matérielles, techniques et culturelles d’un territoire comme potentiel de projet soutenable». Responsable scientifique: Pierre Belli-Riz, MCF VT, Labex AE&CC—ENSA Grenoble

 

Notre proposition, portée par l’ENSA Grenoble en partenariat avec l’UGA (Université de Grenoble-Alpes), la Métro (Grenoble-Alpes Métropole) et Aplomb (entreprise de formation) se situe en prolongement direct, tant sur le plan opérationnel que sur le plan pédagogique, dans la continuité du projet de recherche retenu en 1ère session (automne 2016). Sous le titre initial «Réemploi et conception architecturale: les ressources matérielles, techniques et culturelles d’un territoire comme potentiels de projet soutenable», notre projet de recherche engagé fin 2016 entendait démontrer comment le réemploi d’éléments, de produits, de matériaux de construction de l’architecture du XXe siècle peut produire des modes de conception et de construction plus locaux et soutenables.

 

Elle a permis de développer 3 axes principaux de réflexion sur la chaîne de production et de réflexion qu’engage le réemploi en architecture:

les enjeux et méthodes des inventaires, diagnostics et études préalables, avant la déconstruction des ouvrages;
les conditions du rapprochement de l’offre et de la demande avec l’organisation de filières, réseaux et compétences adaptées;
les méthodes et expériences de conception et réalisation «intégrative», les savoir-faire associant étroitement création et construction.

 

Notre projet initial prévoyait déjà une phase d’expérimentation locale à travers la réalisation de petits édifices à base d’éléments de réemploi, avec comme partenaire la SPL SAGES à Grenoble. Il s’est heurté à des difficultés pratiques, dont certaines sont d’ailleurs inhérentes au domaine spécifique du réemploi: temps nécessaire pour identifier des ressources, faiblesse et manque de disponibilité des «gisements» locaux, difficultés de coordination et de synchronisation des acteurs opérationnels…

Le projet de recherche a en revanche permis de développer une coopération de plus en plus poussée avec les services de la Métro (service Prévention, collecte et valorisation des déchets de Grenoble-Alpes Métropole—la Métro). Cette coopération a notamment permis en 2018-2019 l’organisation de 3 journées d’études à l’ENSAG sur le thème «Réemploi et pratiques constructives», qui ont connu un large succès auprès des professionnels du BTP. Cette coopération avec la Métro nous fournit en 2020 l’opportunité qui nous a manqué auparavant pour participer à la réalisation de petits édifices «démonstrateurs», à partir de programmes qui correspondent aux besoins à court terme de la Métro, avec des engagements budgétaires prévus pour 2020. Ces programmes traduisent la volonté de la Métro, au-delà même des évolutions législatives prévisibles pout lutter contre le gaspillage, d’apporter des réponses locales déjà bien structurées. Ils ont été choisis pour leur exemplarité, ils sont tous susceptibles de donner une large visibilité à l’utilisation du réemploi en architecture auprès de différents public (professionnels du BTP, grand public, acteurs de l’économie circulaire, etc.).

 

L’autre partenaire essentiel de notre proposition, qui rend le projet réaliste et renforce sa relation avec la pédagogie et la formation, est le centre de formation APLOMB, basé à Saint-Marcellin (à 30 km de Grenoble). Celui-ci peut prendre en charge des chantiers expérimentaux, avec des stagiaires en Architecture de l’ENSAG ou en Génie civil à l’UGA. APLOMB existe depuis 2009 et a déjà mis en place depuis quelques années une plateforme locale de distribution d’éléments de construction de récupération (ECOMAT).

Réemploi et conception architecturale
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